LE MARIAGE DE FIGARO

Acte I – Scène 1

Beaumarchais

INTRODUCTION

I – LES CARACTERISTIQUES DE LA SCENE D'EXPOSITION

L'expression "19 pieds sur 26" nous indique dès le début, que l'on se trouve au cœur d'une action qui a commencé avant (début intermédiaire). On ne sait cependant pas de quoi ils parlent : cela crée une intrigue. On apprend par la suite, qu'il s'agit de la mesure de la chambre de Figaro et Suzanne (Beaumarchais fait correspondre la fiction avec la réalité car la chambre est aux dimensions de la scène de la Comédie Française). Puis, dès la seconde réplique, un personnage est identifié par une apostrophe : il s'agit de Figaro. La présentation du second personnage est réalisée de la même manière que pour Figaro : Suzanne est présentée à la troisième réplique sur un ton humoristique. La didascalie "lui prend les mains", marque de tendresse, montre les liens qui unissent Suzanne et Figaro. "Ce joli bouquet virginal" suggère qu'il s'agit du jour de leur mariage. Leur rang social est également indiqué : "monseigneur" montre qu'ils sont inférieurs à quelqu'un. "Tu prends….rendu" montre que Suzanne est la femme de chambre de la comtesse, et que Figaro est le valet, l'intendant du comte. Cela suggère également que le comte et la comtesse ne partagent pas la même chambre. "Monseigneur veut quelque chose …." indique que Figaro a des responsabilités. On parle aussi de Bazile qui est l'agent du comte ("honnête agent de ses plaisirs") et un maître de musique. Ainsi, dans cette première scène, on nous présente Suzanne et Figaro naturellement. Trois autres personnages, le Comte, la Comtesse et Bazile sont présentés mais on ne les voit pas. La scène d'exposition nous dévoile également le lieu : cela est indiqué par la première didascalie. On se trouve dans une chambre à demi meublée, ce qui suggère que Figaro et Suzanne sont en train de s'installer. On apprend également que la chambre se situe entre l'appartement du Comte et celui de la Comtesse : c'est un lieu de passage et un lieu pratique pour les intentions du Comte (il est près de Suzanne) ; Il y a aussi un "beau lit" mais d'après les didascalies d'un fauteuil qui aurait une fonction de lit. Enfin, l'expression "la chambre du château" indique que le lieu est un château. Cela suggère le rang social du Comte.

Dans cette première scène, le temps est indiqué. Ce titre "la folle journée" montre que l'action se déroule en un jour. Les expressions, "d'être la première à en parler ce matin" et "le matin des noces", montrent que l'action se situe le matin d'un jour spécifique.

Enfin, l'intrigue est présentée dans cette scène. On découvre que le Comte a des vues sur Suzanne. elle est amenée à la révéler à cause de la chambre : elle apprend que c'est un cadeau du Comte et elle a peur de ce qui pourrait se passer. En effet, le Comte a alors une entrée libre dans la chambre. Il y a donc une raison d'avouer à Figaro les intentions du Comte. L'expression "fort bien" donne la raison de la peur de Suzanne. Figaro l'interrompt avant qu'elle ne finisse, car il a compris ce qu'elle allait dire. Cependant, il harcèle Suzanne d'une série de questions. La vérité est donc amenée progressivement. Figaro se lance dans une argumentation pour convaincre Suzanne d'accepter la chambre. Cependant, elle reprend le même argument mais y ajoute la vérité : il y a écho entre les deux personnages ("zeste !"). Ainsi, l'intrigue est mise en place implicitement au début, puis Figaro, par l'expression "qu'entendez-vous …?", permet de passer à l'explicite. On apprend donc que le Comte est un libertin qui est "las de courtiser les beautés des environs" Cette expression suggère que le comte en a assez ("las"), qu'il a connu plusieurs maîtresses ("les") et qu'il est allé loin ("environs"). On apprend également que la Comtesse joue le rôle de la femme délaissée : "ce berger dit que…." indique qu'elle le sait. A la fin de la scène, Figaro sait que le Comte aime sa femme. Il veut donc conserver sa femme et la dot, sans affrontement direct avec le Comte.

Dans cette scène, les personnages, le lieu, la notion de temps, l'intrigue, sont tous exposés de manière naturelle.

Cette scène montre également le type de pièce grâce, premièrement, au ton, aux répliques comiques employées par les personnages. La réplique antithétique de Suzanne le suggère : "que les gens d'esprit sont bêtes". La reprise de "zeste" produit un effet comique. On a également l'impression d'être dans un comique populaire, une farce, grâce au comique de geste ("se gratter le front") et à l'exagération des gestes ("si jamais volée de bois vert …"). L'impression de comédie est aussi renforcée par le comique de mot : échange de répliques entre les personnages. La comédie est également exprimée par les personnages, des valets, le lieu, une maison, un intérieur, et par le sujet : le mariage, typiques de ce type de pièce.

Par conséquent, l'exposition montre bien le type de cette pièce : la comédie.

Cela est renforcé par une impression de rapidité de la pièce, créée par la stycho mythie. Cela rend la scène soutenue et enlevée.

II – RELATIONS ENTRE LES PERSONNAGES

La scène d'exposition dévoile aussi les liens entre les personnages. Par exemple, on voit dès les premières répliques, que Figaro et Suzanne sont de futurs mariés. De plus, c'est un mariage d'amour. Cela est traduit par les baisers, les diminutifs affectueux et par l'amour, le bonheur et la flatterie émanant des répliques de Suzanne et Figaro. On observe également la métaphore de l'amour exprimée par "es-tu mon serviteur ou non ?" : cela induit que l'homme est esclave de la femme. Il y a également une complicité entre eux exprimée par les baisers, la course poursuite : il y a une relation ludique entre eux. Les taquineries, les provocations de Suzanne montre leur complicité : dimension de jeux à la fin avec vouvoiement. On note également que Figaro fait confiance à Suzanne lorsqu'elle lui raconte les intentions du Comte. Il veut cependant en savoir plus : "qu'entendez-vous par ces paroles ?". Figaro cherche à se protéger en s'éloignant car il va apprendre quelque chose de désagréable.

On remarque que Suzanne contrôle la scène, car elle détient les informations. Figaro apparaît naïf car il ne s'est pas rendu compte du manège du Comte : "tu croyais, bon garçon". Cette impression est renforcée par les gestes de Figaro (il se frotte la tête, "ma tête s'amollit") et par la ponctuation attribuée à Figaro : "……"

Ainsi, Suzanne enchaîne rapidement et Figaro désire se renseigner : phrases interrogatives. Puis, lorsqu'il est renseigné, il utilise des phrases déclaratives. Figaro apprend donc au fur et à mesure, mais il ne comprend pas, il est naïf. Suzanne le décrit pourtant comme quelqu'un de malin : "de l'intrigue, de l'argent, tu es dans la sphère". On apprend aussi que Figaro veut protéger le Comte, avoir l'argent et empêcher le rendez-vous entre le Comte et Suzanne : ce sont les buts de Figaro dans la pièce.

La scène présente également des relations maître – valet.

Au début, Figaro aime bien le Comte, il le respecte : "Monseigneur", et le Comte de même (il lui donne un lit, une chambre). Cependant, après les révélations de Suzanne, le Comte est taxé de "grand trompeur" : il y a une rupture dans le regard de Figaro sur le Comte. C'est le Comte qui déclenche cette dégradation de la relation. En effet, on apprend que le Comte est un libertin ("las de courtiser les beautés des environs") et un manipulateur : il a donné cette chambre pour se rapprocher de Suzanne et il a donné une dot pour tenter d'acheter la vertu de Suzanne.

A l'opposé, la relation Suzanne – Comtesse est basée sur le respect "Madame". On note également la complicité des deux personnages : Suzanne veut lui confier toutes ses histoires.

 

CONCLUSION